Il y a plusieurs années, j’ai connu une femme qui
avait toujours les cheveux bien coiffés, bien sagement ordonnés. Elle se
faisait un “ brushing” tous les jours sur des cheveux mi-longs, les étirant
longuement, je suppose, pour enlever toute boucle indisciplinée. Un jour, elle
est arrivée avec une tête toute bouclée, une coiffure rebelle et… magnifique !
Je lui ai dit:” Tiens, tu as changé tes cheveux !”
Je pensais qu’elle s’était fait donner une permanente, c’était il y a longtemps
! Elle m’a répondu: “Non, non, c’est avant que je changeais mes cheveux, ça
c’est ma tête au naturel.”
Je m’en souviens encore. Cette leçon m’avait frappée
de plein fouet : on ne change pas, on arrête simplement de se changer.
Le “JE suis” créé à notre naissance se manifeste
avec plus de force à mesure que le temps nous recrée constamment, tablant sur
nos expériences de vie, nos blessures, nos limites, nos bons coups et nos
bonheurs. Le passé est immuable, impossible de l’échanger et d’être remboursé
comme la chemise trop petite achetée hier ! Il est immuable mais le regard que
l’on pose sur notre vie peut être transformé. Par un regard plus amoureux de
nous-même, notre essence s’affirme et se solidifie. La volonté de se changer se
fait moins séduisante et le retour chez soi commence à nous captiver.
Dans la création quotidienne du moi s’entremêlent
toutes sortes de personnalités, de rôles joués par l’ego dans une tentative de
survie mais aussi de construction de soi. Des façons d’être sont empruntées, essayées,
adoptées à demi, rejetées ou conservées en entier. Souvent, trop souvent même
si elles ne passent pas le test, elles s’intègrent à notre moi malgré
l’impitoyable carnage qu’elles opèrent sur notre authenticité. Jusqu’à ce que notre bouclier vivant
construit à même nos erreurs, nos résistances et nos guerres intestines, se
lézarde pour laisser passer un fil de lumière, comme dirait Cohen. On arrête de
se changer. On rentre chez soi, au coeur de notre être, là où les rôles jadis nécessaires nous apparaissent
désormais superflus, désuets.
Ce sont ces rôles qui nous changent, nous éloignant
de l’essence même de notre humanité. Ne plus vouloir se changer mais simplement
désirer rentrer chez soi est le premier pas vers la satisfaction et le bonheur d’exister.
Et puis, que dire de vouloir changer les autres
?!!!!!
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