Maëlle,
Dans la lumière de ce matin de
pleine lune, ta beauté émouvante a touché le coeur de tous ceux qui t’ont vu
naître. Un grand amour se développe et pour toujours, autant pour les personnes
présentes que pour toutes celles qui t’attendaient impatiemment.
Tu as effectué avec brio le
passage de l’obscurité à la lumière diffuse enveloppant cette chambre sereine
de ta naissance. Bravo !
Pour traverser le dernier passage
de ton monde aqueux au monde terrestre, il t’aura fallu une nuit de beau
travail, appliqué, patient, douloureux par moments, certainement courageux, en
équipe avec ta maman elle aussi très concentrée sur la tâche à accomplir. Tu es
bien venue !
8h16
As-tu eu conscience d’être sortie
sans aucun souvenir de la chaleur salée de ta demeure des derniers temps ?
D’avoir émergé vers le monde humain sous l’eau ? Comment pouvais-tu savoir qu’il ne fallait pas encore
respirer ? Pas tant que tout ton visage serait hors de l’eau ? Comment les
corps humains savent-ils survivre au voyagement entre les mondes ? Peut-être
as-tu perçu l’amour qui t’attendait au dehors de cette eau tiède et
bienfaisante. Peut-être bien que c’est toi qui a provoqué la prochaine poussée,
la dernière poussée, appuyant tes longs pieds puissants sur les côtes de ta
maman, impatiente de rencontrer les beaux visages baignés de larmes de tes
parents. Et celui tout aussi baigné de larmes de ta grand-maman. Grâce à cette
poussée, ta maman t’a prise d’un coup, te remontant vers son coeur et elle t’a
étreinte amoureusement, en pleurant.
Il devait y avoir comme un
brouillard t’entourant, des voix, des larmes de joie jetées sur ta nouvelle
petite vie. Peut-être savais-tu exactement où tu venais d’atterrir ? Peut-être
te demandais-tu plutôt : “Mais, où suis-je, qui suis-je ?” “Et qui sont ces
gens qui me regardent avec tant
d’amour ?”
Tu était là Maëlle, toute petite,
magnifique et puissante. Tu venais d’arriver, sûre de toi et de ta vie malgré
les mystères de la terre qui t’avait appelée il y a neuf mois.
Curieuse déjà, tu as ouvert les
yeux bien grands, regardant tour à tour ta maman et ton papa, avec présence et
émerveillement. Puis tu les as refermés. Lasse et bouleversée, tu t’es mise à
pleurer, un peu, puis encore, tout doucement. Est-ce que la vie grondait autour
de toi ? Est-ce que les bruits et les voix t’agressaient ? Peut-être les as-tu reconnues
simplement ? À cet instant, j’ai pensé en un éclair de gratitude que ta maman a
si bien fait de venir souper souvent chez moi, je suis certaine que tu as
reconnu ma voix, comme celles de tes parents, et qu’ainsi tu t’es sentie un peu
moins dans un monde étranger.
Il n’y a pas eu d’hésitaiton en
toi, tu es venue effleurer nos coeurs, je l’espère avec ravissement, même si
ton petit visage peine encore à exprimer ce que tu ressens. Pourtant, je sais
que tu sais tout, tout à la fois, mais que c’est trop vaste pour tout prendre
dans ton âme. Combien de jours as-tu déjà passés sur la terre, combien de
naissances, combien de joies et de peines ont marqué ton coeur vibrant, ouvert à ce nouveau personnage qui va
se déployer en toi ?
Dans ces premières semaines, à la
lisière de ta vie humaine, tu te replies souvent sur tes rythmes intérieurs,
parfois indifférente à ceux des gens qui t’aiment déjà autant. C’est tellement immense à pressentir ce
monde que nous t’offrons.
Chaque chose, chaque personne,
chaque évènement entourant ta venue ont été finalement parfaits, parfaitement
posés sur le rite immuable qui assiste à l’éveil de la vie humaine, tracé
lumineux sur les exigences de la vie terrestre, source de bonheur et de
difficultés. La vie, si impitoyable soit–elle, est également remplie
d’enchantements. Il faudra t’en souvenir … toujours.
Pour toi Maëlle, avec tout mon
amour,
Grand-maman
Chère Caroline, chère Tara, chère Maelle, je vous aime d'amour!
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