De Jodorowsky, je lis : Mu, le maître et les magiciennes.
Je partage avec vous un passage de ce très beau livre où l'auteur se présente à son rendez-vous avec une guérisseusse mexicaine. Les soulignements sont de moi.
"Dès que j'eus frappé à la petite porte de tôle, mon anxiété se dissipa et je fus envahi par un calme étrange. Dona Magdelena me reçut entièrement nue.
Pour moi, jusqu'alors, voir une femme sans vêtements avait été un motif d'excitation sexuelle ou, si elle était laide, de dégoût. Mais Magdelena nue semblait être vêtue de son âme. Son calme, sa dignité, l'harmonie de ses mouvements, le ton brun uni de sa peau lui donnait l'apparence d'une idole en terre cuite. Devant un tel naturel, j'eus honte de mes pudeurs, du mépris avec lequel je portais mon organisme, du contenu sexuel catégorique que je projetais sur ma chair. En réalité, j'avais toujours considéré mon corps comme une tumeur de ma raison, une future vieille baderne, un nid d'asticots...
"Ça suffit, jeune homme, cesse de te torturer... Nous commencerons le travail par les parures qui te couvrent. Les costumes sont la nuit obscure, en t'en dépouillant, tu connaîtras les premières lueurs de l'aube. Enlève ta montre, cesse de mesurer le temps!"
Son ton péremptoire me plongea dans une sorte de transe. Je perdis la hâte. Une lenteur de rêve m'envahit. Magdelena, se déplaçant avec la tranquilité d'une particule de poussière qui flotte dans un rayon de soleil, commença par m'enlever ma veste en cuir. Elle l'ouvrit millimètre par millimètre, comme si elle m'écorchait, faisant durer chaque seconde une éternité. Mes vêtemetns ainsi retirés un à un prirent des formes diverses, se changeant en une grosse amibe noire... Je pris conscience de la multitude des mouvements que je devais faire pour sortir les bras des manches... Se déshabiller à cette vitesse minimale devenait une expression artistique où la danse, mêlée à la sculpture, donnait une vie sacrée aux vêtements.
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...Magdelena terminait de ranger mes vêtements, les pliant avec le plus grand soin, comme si elle confectionnait des cocottes en papier...
"Le vêtement utilisé sans conscience est un déguisement. La femme et l'homme sacrés ne doivent pas se vêtir pour paraître, mais pour être... Les habits ont une forme de vie. Lorsqu'ils correspondent à ce que tu es essentiellement, ils t'apportent de l'énergie, ils agissent comme des alliés. Lorsqu'ils correspondent à ta personnalité déviée, ils aspirent ta force vitale. Et même étant tes alliés, si tu ne te soucies pas d'eux, si tu ne les respectes pas, ils se vengent en troublant ta conscience."
Le 25, je vais porter une attention spéciale, une attention spirituelle au comment mettre mes vêtements de noce. Et je vais les bénir. Merci Caroline
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