mercredi 27 novembre 2013

Apprendre à se dire, apprendre à se taire


Apprendre à se dire, apprendre à se taire




À Montréal, pendant l’été 2007, était jouée une pièce de théâtre sur les relations entre hommes et femmes… une fois de plus !  Je suis désolée de ne pas me souvenir du titre de l’œuvre en question.

Un parallèle y était établi entre les habitudes de vie de nos ancêtres qui se consacraient  à la chasse et à la cueillette et celles des couples actuels. On aimerait bien, n’est-ce pas, se sentir très évolué et ne pas être comparé aux humains des cavernes mais quelques milliers d’années dans l’évolution, ce n’est rien du tout ou presque.

Dans les temps anciens, les hommes partaient à la chasse (ça vous rappelle quelque chose ?) et devaient, pour arriver à leurs fins,  se déplacer sans bruit et traquer leurs proies dans le silence le plus absolu. Le succès de leur chasse et donc, leur survie  et celle de leur tribu, en dépendaient. Se taire pour survivre…

Vous l’aurez deviné, que les hommes ne parlent pas beaucoup, qu’ils n’expriment pas assez leurs émotions, qu’ils ne savent pas communiquer dans l’intimité sont parmi les plaintes les plus entendues dans nos bureaux de sexologues. Ils se taisent …Génétique oblige ?

Chez nos ancêtres encore, pendant la chasse des hommes, les femmes restaient au campement, à l’entrée de la caverne ou dans les bois avoisinants, cueillant des baies ou des herbes sauvages qu’elles préparaient ensuite, assises près du feu, tout en gardant un œil sur les enfants. Pour survivre, elles se devaient de parler sans arrêt. Ça vous rappelle aussi quelque chose ? Si l’une d’elles devenait silencieuse, les autres comprenaient tout de suite qu’un prédateur venait de l’attaquer. Elles avaient encore le temps de réagir et peut-être de la sauver.

Les temps ont changé, la vie moderne ne nous emprisonne plus dans le silence ou dans le bavardage. Mais nous ne semblons pas pouvoir échapper à notre héritage biologique. Les hommes ne parleraient pas assez, les femmes parleraient trop et exigeraient d’être écoutées.

Ne pas s’exprimer assez, mais qui peut juger de ce « pas assez » ? Parler trop, mais comment définir ce trop, c’est trop pour qui et en comparaison à quoi?

Des recherches sur les zones du cerveau responsables de la parole ne donnent pas nécessairement des résultats identiques mais plusieurs démontrent qu’il y aurait un fondement physiologique à l’assertion que les femmes parlent plus que les hommes quant à des sujets intimes ou encore domestiques.

Par ailleurs, les hommes penseraient plus au sexe que les femmes. Hormones obligent ! Bien sûr, ce n’est pas généralisé. Un lieu commun se dégage toutefois, ce serait l’absence de mots et le recours au geste direct pour transmettre leurs pensées sur le sexe. Quant à elles, les femmes auraient une approche plus romantique et partant, plus verbale de la sexualité. Les femmes veulent se faire parler d’amour à travers les âges de la relation, pas seulement pendant les premières rencontres.

Les hommes ceci et cela, les femmes ceci et cela. Comment réconcilier ce qui semble si contraire ? Comment construire des ponts entre de perpétuelles oppositions?  Comment établir une communication plus efficace et plus juste ?

Apprendre à se dire, à trouver la parole juste, le ton authentique, simplifier  l’expression de soi, tout en l’approfondissant. Ce n’est pas juste pour les hommes.

Apprendre à se taire pour laisser de la place à l’écoute de soi et de l’autre. Faire silence, apaiser l’agitation mentale. Ce n’est pas juste pour les femmes.

Se dire, se taire, le regard tourné vers le cœur. Chez les amoureux aimants, les mots d’amour se déploient dans un mouvement complice et solidaire pour en finir avec la guerre.

Grâce à l’ouverture du cœur, chacun devient plus vrai, se livre plus et plus sincèrement. Chacun embrasse et offre sa parole entière, avec ses ombres et ses lumières, ses erreurs et son amour, son silence et sa poésie.

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