jeudi 13 juin 2013

Rire guérit

"Rire aux larmes...

Rire jusqu'à en pleurer... jusqu'à laver le coeur de toute mélancolie, de toute scorie.

Il se trouvera toujours une personne bien intentionnée pour vous dire que vous avez tort de rire, surtout de rire trop fort: "Chut, tu vois bien, la messe est commencée." Il y a toujours un rite que le rire dérègle, qu'il  soit religieux, social ou professionnel. Le rire, nécessairement bruyant, gène les oreilles d'un bien-pensant. Le rire est déplacé un peu partout: à l'église (dans le temps de ma jeunesse), au lit, aux funérailles de quelqu'un ( c'était si rafraîchissant de voir rire les femmes de "Steel Magnolia" à des funérailles), au travail, en temps de maladie, quand le monde s'effondre, qu'un tsunami asiatique met en péril l'air qu'on respire ici ou que la famine tue des enfants africains. Le rire dérange plus que le malheur, la joie aussi. 

Je me souviens de l'expression offusquée d'un ami qui m'avait aidée à passer un moment difficile un vendredi après-midi. J'avais sangloté dans ses bras et il s'était privé de son temps précieux pour prendre soin de moi. Voilà que le lendemain, il pousse la porte de ma résidence et me trouve en larmes de nouveau.  Je riais tellement fort, je m'en tenais les côtes, je n'en pouvais plus. Il s'est senti floué, utilisé. Comment pouvais-je lui faire cela ? Lui qui revenait m'aider dans mon grand malheur, lui qui avait perdu du temps à revenir me voir.  Peut-être m'avait-il bien aidée la veille, justement.  

Je n'étais pas égarée dans ma difficulté du moment qui a pris quelques temps à se résoudre. Je n'avais pas que ça à vivre. J'étais heureuse et j'étais en difficulté. J'étais joyeuse et triste. Je pleurais mais je ne m'identifiais à ma peine. Je n'étais pas que ma peine et quand une bonne blague venait à passer, je la riais en toute liberté. Tout existait en même temps, l'amour et son contraire, la peur, la paix et le désir, l'acceptation et le refus. J'étais en mouvement dans ce que j'avais à affronter. Le rire et le mouvement sont les meilleurs antidotes au stress." Et à la peine !

J'ai écrit ce message à l'automne  2011 . Et voici qu'il est d'actualité de nouveau. Dans ce grand chagrin qui a accompagné le décès de mon frère, il y a eu des moments bienfaisants de rire, de détente, d'accueil de la vie à travers le passage de la mort. Nous avons voyagé de longues heures pour aller aux funérailles, mon mari, mes deux filles et moi. Quel plaisir si rare de se retrouver tous les quatre dans la même auto, de jacasser, de rire et parfois ... de pleurer. Là-bas, nous avons été reçus avec beaucoup d'amour par ses enfants et leurs familles.  Et nous avons, à l'occasion,  honoré l'humour de mon frère et sa vie par une détente, des anecdotes drôles et touchantes, par un brouhaha libérateur à l'heure des repas.  Mon neveu a fait pleurer et rire une église entière par des paroles qui racontaient si tendrement et si joyeusement la vie de son père. 

 Je vous le dis, rire guérit....


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