Un exercice, parmi tant d’autres, m’a permis de calmer ma tête, de quitter
mes yeux et de regarder avec « mon corps.» Je me promenais beaucoup
dans un parc d’Outremont, toujours le même, hiver comme été. Je le traversais
en diagonale, trop souvent avec une totale inconscience du lieu tellement
j’étais absorbée par mes pensées.
Je me suis
appliquée à observer les arbres magnifiques qui le composaient et à entrer en
contact avec eux. Bientôt, j’ai su où étaient les érables rouges, comment
s’ordonnaient les érables à Giguère et les érables de Norvège et j’ai cherché à
reconnaître toutes les autres variétés d’arbres. Certains étaient très âgés,
d’autres venaient tout juste de rejoindre cette famille de feuillus. Certains
étaient malades ou abîmés, leurs branches ayant été coupées par les gens de la
ville ou brisées par le vent et le verglas. D’autres, d’âge mûr, étaient
vibrants de vitalité et semblaient répondre à mes clins d’œil. Je m’imposais de ne penser qu’à tous
ces arbres, l’un après l’autre, selon le rythme de mes pas. Je m’imposais de
les regarder véritablement plutôt que de jeter sur eux mon indifférence. Je les
laissais m’approcher de leur présence solide et vivifiante, enracinante. Selon
les saisons, je comtemplais leurs branches colorées ou dénudées ou encore
pleinement épanouies, toutes tendues vers le ciel. À chaque distraction, je
devais m’arrêter. C’est ainsi qu’il m’est arrivé de m’arrêter presque cent fois
en parcourant ce parc que l’on peut traverser, en fait, en quelques minutes
seulement. J’atteignais l’autre
côté après une bonne demi-heure, contente, en promettant de revenir et
d’accomplir deux bonnes traversées de suite, sans distraction. Je dois dire
qu’à ce jour, je n’ai pas encore réussi.
J’y travaille toujours cependant!
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