"J’ai souffert
dans la même mesure que j’ai bénéficié d’avoir 20 ans en 1970. Mon corps avait
déjà été grandement négligé et maintenant, il m’était demandé de favoriser mon
développement intellectuel et social et de continuer à l’asservir à la guerre
des sexes. Pour un temps, il fallait
même aller jusqu’à abuser davantage de l’aspect sexuel de ce corps déjà bien
malmené pour avoir l’impression d’exercer une liberté toute relative. En effet,
la liberté sexuelle naissante a torturé les psychés féminines et de nombreux
corps en soif d’eux-mêmes. La sexualité se vivait et se vit encore avec la
tête, sur un coup de tête. La décision volontaire de faire l’amour sert des
intérêts souvent différents de ceux du cœur et même de ceux du corps. Les
relations sexuelles et les orgasmes continuent à être évalués, comptabilisés,
cotés, peu importe leur qualité d’être. Le sensuel est remplacé par le virtuel.
L’hypersexualité et la jouissance obligée renouvellent de vieux contrats de
servitude.
Les grands
perdants dans toutes ces mutineries sont les hommes. Dans la répression de la
féminité en général, les hommes ont perdu la leur aussi et continuent de la
chercher avec plus ou moins de succès. Les sensibilités et les corps ont été
immolés au chapiteau d’un pouvoir patriarcal particulièrement sévère envers ses
propres protagonistes. Les hommes, comme les femmes, « ont mal à leur féminité. »
Les années
ont passé et le cœur de plusieurs d’entre nous reste fermé, alarmé par les
batailles de droits et les exigences virulentes de tous les combattants. Le
corps continue à taire sa peine et les insurrections émotionnelles, déguisées
en dépendances de tout acabit (à l'alcool, aux médicaments, à la bouffe, à la pornographie, etc...,) sont trop fréquentes. La rationalité est le juge
le plus impitoyable qui soit et détruit efficacement le lien avec le monde
intérieur." (extrait de mon livre)
C'est d'une justesse et d'une profondeur qui fait trembler l'âme.
RépondreEffacer