mercredi 14 mars 2012

Le corps, lieu de souffrance


"J’ai souffert dans la même mesure que j’ai bénéficié d’avoir 20 ans en 1970. Mon corps avait déjà été grandement négligé et maintenant, il m’était demandé de favoriser mon développement intellectuel et social et de continuer à l’asservir à la guerre des sexes.  Pour un temps, il fallait même aller jusqu’à abuser davantage de l’aspect sexuel de ce corps déjà bien malmené pour avoir l’impression d’exercer une liberté toute relative. En effet, la liberté sexuelle naissante a torturé les psychés féminines et de nombreux corps en soif d’eux-mêmes. La sexualité se vivait et se vit encore avec la tête, sur un coup de tête. La décision volontaire de faire l’amour sert des intérêts souvent différents de ceux du cœur et même de ceux du corps. Les relations sexuelles et les orgasmes continuent à être évalués, comptabilisés, cotés, peu importe leur qualité d’être. Le sensuel est remplacé par le virtuel. L’hypersexualité et la jouissance obligée renouvellent de vieux contrats de servitude.

Les grands perdants dans toutes ces mutineries sont les hommes. Dans la répression de la féminité en général, les hommes ont perdu la leur aussi et continuent de la chercher avec plus ou moins de succès. Les sensibilités et les corps ont été immolés au chapiteau d’un pouvoir patriarcal particulièrement sévère envers ses propres protagonistes. Les hommes, comme les femmes, « ont mal à leur féminité. »

Les années ont passé et le cœur de plusieurs d’entre nous reste fermé, alarmé par les batailles de droits et les exigences virulentes de tous les combattants. Le corps continue à taire sa peine et les insurrections émotionnelles, déguisées en dépendances de tout acabit (à l'alcool, aux médicaments, à la bouffe, à la pornographie, etc...,) sont trop fréquentes. La rationalité est le juge le plus impitoyable qui soit et détruit efficacement le lien avec le monde intérieur." (extrait de mon livre)

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