« Notre
nature inclue la totalité de la couleur humaine. Lorsque par idéalisme
spirituel, nous voulons abandonner l’obscur, nous perdons la lumière. » (Odier, Daniel. Tantra, spontanéité de
l’extase, Paris, Actes Sud, 2000, page 14)
L’ego a
bien mauvaise presse dans les milieux dits spirituels. Ainsi, il est souvent demandé :
«Comment puis-je me «débarasser» de mon ego?» Espérons
que l’ego ne disparaîtra jamais sinon nous ne serions plus humains. Il doit
être travaillé, oui, mais pas jeté au rancart.
L’ego
peut s’estomper, il ne peut ni ne doit s’effacer. Certains moments méditatifs mènent à un
espace d’union avec le Tout. La sexualité aussi d’ailleurs. L’orgasme est
souvent appelé «une petite mort.» On entend, mort de l’ego. Pour un bref moment, il
n’y a plus de séparation mais une union parfaite avec l’autre, avec le monde, avec
l’énergie divine pendant un orgasme qui n’est pas vécu comme un simple relâchement de
tensions. Orgasme sacré, vécu par très peu de gens.
Selon Jung, il y a
l’ego, puis le moi comme un ego travaillé, épuré, fortifié. Il y a le cœur qui a eu une
chance de s’ouvrir par le travail sur l’ego. Le Soi
serait l’intégration de toutes les parties de la personnalité alliées à l’âme,
au divin intérieur.
De l’ego au moi au Soi, sans renier chaque étape, sans perdre les richesses de l’étape précédente. Dans cette traversée de vie, le cœur nourrit
chaque avancée :
Le travail de l’ego vers le moi vers le Soi se
fait en éclairant l’ombre, c’est-à-dire, en faisant de nombreuses prises de
conscience, en laissant mourir nos illusions et nos désirs. Puis, en voyageant à
travers le négatif de notre masculinité, et de notre féminité, le négatif du
haut et du bas, de la droite et de la gauche, pour y découvrir une façon de les
positiver, de marier nos dualités, nos opposés. Le moi, par la reconquête de
tous ses morceaux (rejetés, mal aimés, cachés, non-reconnus,) reconduit au
cœur et au Soi.
Daniel Odier dit encore: "Comment faire pour tout utiliser, ne
rien nier, ne rien rejeter ? Comment faire pour ne pas se retrouver un jour
face à ses propres démons qui reviennent toujours en horde pour détruire la quête.
C’est réellement une grande trouvaille: nous pénétrons le réel, nous le
touchons de tout notre être et nous y découvrons l’absolu. Avant ce retournement inspiré, et aussi
après, l’absolu était considéré comme quelque chose de lointain qu’on désirait
dégager de tout élément trop humain pour être certain de toucher un état qui ne
soit pas teinté de souffrance.
C’est l’histoire de l’invention des dieux.”
“La
démarche tantrique fut, au contraire, de s’engager complètement dans notre
caractéristique humaine et d’accepter l’intégralité de ce que nous sommes. Mais, au lieu d’utiliser cette énergie
d’une manière matérialiste qui engendre souffrance, manque et frustration, nous
essayons de trouver un moyen pour qu’elle parvienne à un niveau d’incandescence
beaucoup plus fort sans générer aucun des effets habituellement liés à la vision limitée des choses.
En mettant dans cette sphère mystique tout ce qui constitue l’être
humain, les maîtres tantriques ont trouvé une possibilité d’échapper à la
négation des pulsions humaines.
Ils ont essayé de les comprendre profondément afin que tous ces élans
servent de combustible sur la voie mystique.” (L’incendie du coeur , Éditions du Relié, 2004, p. 53 -54)
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