Le pouvoir des mots est immense. Il m’a terriblement manqué pendant longtemps. Les mots pour me dire, pour partager la puissance de mon souffle ou sa déroute, pour dire mes peines tout autant que mes bonheurs. Toujours, les mots se refusaient, ils se tenaient dans l’ombre, reclus, retenus… Mon mutisme, comme ma tristesse, a rencontré son temps de résolution. Ma parole ne me réinvente pas, elle me permet de me souvenir de ce que je sais, de ce que je suis. Elle me permet de transmettre un certain savoir acquis par l’expérience.
J’ai voulu écrire et enseigner pour que s’évadent mes mots captifs, pour que je puisse les lire et les redécouvrir, pour que je puisse m’entendre les prononcer, les comprendre et les approfondir. J’ai voulu écrire et enseigner pour moi-même mais aussi pour offrir à ceux qui en auraient besoin un peu de cette lumière que j’ai acquise en souffrant. Y aurait-il un moyen d’éviter les routes difficiles pour accéder à la sérénité ? Sans aucun doute. Il faudrait savoir laisser mourir l’ego tout doucement, sans à-coups. Auparavant, il aurait fallu savoir donner toute sa place et toute sa force à ce même ego. Mais, cette science intérieure semble absolument manquante dans notre monde occidental, matérialiste et profane parce que profané.
Pour le moment, la souffrance reste le moyen le plus efficace pour grandir et toucher le ciel du bout des doigts. La recherche du spirituel dans une vie vidée de son sens ne trouve plus de contenants pour « l’énergie de l’esprit. » Il y eut un temps où certains rites religieux en procuraient, créant une structure d’accueil pour le sacré. Ils sont encore destinés à cette tâche, mais étant dépourvus d’un lien signifiant avec l’intangible, ils ne réconfortent plus l’âme. Les vrais éclaireurs se sont faits rares et les pèlerins ont été abandonnés.
Dans un monde matérialiste, où les apparences sont plus importantes que l’intériorité, où le faire et l’avoir priment sur l’être, les mondes intérieurs se parcourent à genoux. Les voyageurs, isolés, ploient sous l’intensité de la douleur. Leur prière, répétée dans une solitude accablante, est muette et désorganisée, souvent déplacée sur des objets profanes tels que l’alcool, l’argent ou encore l’hypersexualité, mais elle s’élève tout de même comme une demande désespérée de libération. Ce phénomène n’est peut-être pas étranger à l’éclosion d’une spiritualité neuve et libérale, en prise directe avec la divinité. Celle-la répond à un besoin pressant, les systèmes religieux ayant failli à leur mission d’accompagnement. À l’approche de l’âge du Verseau, les âmes incarnées, mûries, solidaires des problèmes de l’humanité entière aussi bien que ceux de la Terre-Mère, permettent un regard plus intuitif et plus large que jamais sur la vie. D’où, peut-être, l’éclosion également d’une « nouvelle médiumnité, » à portée de mains et de cœur, moins maniérée et moins éprouvante pour les personnes au service de la lumière. Une spiritualité neuve et libérale tente de réinsérer le sens du sacré dans la vie ordinaire. Elle se fait plus accessible à tous. (extrait du livre que j'écris présentement)
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