Dans l’étendue de mes panoramas
intimes, mes ancêtres se fraient un chemin entre les obstacles créés par mes
absences à mon histoire. Ils acceptent de se tenir debout au beau milieu de ma vie sans avoir besoin de toute
mon attention. Ils veillent sur la tribu qui m’a mise au monde. Les jouets et
les livres de mon enfance se reposent dans un grenier bien aéré. Mes souvenirs
s’y entassent dans des boîtes diligemment étiquetées. Mon enfance est
sauvegardée et soignée. Toutes les personnes avec qui je suis venue en contact
au cours des années restent présentes en moi. Ces éléments vivants, bien qu’en
arrière-plan, fondent mon existence et lui donne une consistance dense et
vibrante. Ma vie rend ses fruits.
Mon corps et son prolongement
subtil me contiennent toute entière et porte ma vie d’hier, d’aujourd’hui et de
demain. Mon passé lointain, mon présent et mon avenir sont inscrits dans mes
cellules sans déterminisme mais avec conviction. Je suis vivante depuis
longtemps et pour toujours et je le sais… je suis enracinée dans ma vie
d’humaine.
Longtemps, j’ai cru que je devais
chercher à m’enraciner toujours davantage en prolongeant mes racines vers ou
dans la terre. J’ai beaucoup
marché dans ma vie, parfois avec conscience, parfois bien distraitement. Quitter mes pieds, monter dans ma tête,
détourner mon attention de la nature environnante, ce sont des pratiques que je
maîtrise très bien. J’ai marché avec plus ou moins de conscience jusqu’au jour
où j’ai compris que, si je me gardais dans un état réceptif, c’est la terre qui
allait faire tout le travail. C’est elle qui peut me nourrir pour peu que je
l’accueille. Ce n’est pas à moi à chercher à en faire tant et tant. Avec le
temps, je me suis laissée pénétrée de la certitude et de la sensation
réellement bienfaisante d’être nourrie, supportée, protégée par la terre et par
tout ce qu’elle porte de beauté, d’êtres vivants et d’amour.
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