mercredi 3 février 2016

Marcher me nourrit...

Dans l’étendue de mes panoramas intimes, mes ancêtres se fraient un chemin entre les obstacles créés par mes absences à mon histoire. Ils acceptent de se tenir  debout au beau milieu de ma vie sans avoir besoin de toute mon attention. Ils veillent sur la tribu qui m’a mise au monde. Les jouets et les livres de mon enfance se reposent dans un grenier bien aéré. Mes souvenirs s’y entassent dans des boîtes diligemment étiquetées. Mon enfance est sauvegardée et soignée. Toutes les personnes avec qui je suis venue en contact au cours des années restent présentes en moi. Ces éléments vivants, bien qu’en arrière-plan, fondent mon existence et lui donne une consistance dense et vibrante. Ma vie rend ses fruits.
Mon corps et son prolongement subtil me contiennent toute entière et porte ma vie d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Mon passé lointain, mon présent et mon avenir sont inscrits dans mes cellules sans déterminisme mais avec conviction. Je suis vivante depuis longtemps et pour toujours et je le sais… je suis enracinée dans ma vie d’humaine.
Longtemps, j’ai cru que je devais chercher à m’enraciner toujours davantage en prolongeant mes racines vers ou dans la terre. J’ai beaucoup marché dans ma vie, parfois avec conscience, parfois bien distraitement. Quitter mes pieds, monter dans ma tête, détourner mon attention de la nature environnante, ce sont des pratiques que je maîtrise très bien. J’ai marché avec plus ou moins de conscience jusqu’au jour où j’ai compris que, si je me gardais dans un état réceptif, c’est la terre qui allait faire tout le travail. C’est elle qui peut me nourrir pour peu que je l’accueille. Ce n’est pas à moi à chercher à en faire tant et tant. Avec le temps, je me suis laissée pénétrée de la certitude et de la sensation réellement bienfaisante d’être nourrie, supportée, protégée par la terre et par tout ce qu’elle porte de beauté, d’êtres vivants et d’amour.

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