" À l'occasion, il nous arrive de vivre de véritables moments de grâce.
Parfois, durant ma méditation matinale, quelque chose s'ouvre en moi, et des parties de moi que je ne savais pas tendues se relâchent. Dans ces moments, je sens que tout ce qui est dur dans mon coeur et dans mon corps fait place à une grande douceur, transportée par ma respiration, et j'éprouve alors une grande compassion pour cette partie de moi qui passe son temps à organiser, à résoudre des problèmes et à prévoir. Mon esprit s'arrête et suit ma respiration. Je me sens envahie par une foi intense, par la certitude que tout ce qui doit être fait sera fait, mes épaules tombent de quelques centimètres, la douleur faible mais constante s'atténue dans ma poitrine, et le moment s'étire. Je ne manque de rien: ni de temps, ni d'énergie, ni de tout ce qui est nécessaire. J'éprouve une grande tendresse pour moi-même et pour le monde entier, et je sais que j'appartiens à mon époque, aux gens et à la Terre, et à quelque chose qui est à la fois à l'intérieur et au-dessus de tout cela, quelque chose qui nous nourrit et nous soutient tous. Je ne veux pas être ailleurs. J'éprouve de la compassion et un sentiment de responsabilité envers moi-même et le monde. "
Puis, dit-elle, elle sort de sa méditation et entre dans la vie à vivre cette journée-là. Elle peut avoir beaucoup de difficulté à faire le passage, il lui arrive de s'emporter contre le chaos créé ce matin-là par ses enfants. Alors, elle reprend:
"C'est la réalité dans laquelle nous vivons: nous aspirons à faire de notre mieux, nous désirons trouver un sens à la vie, découvrir le lien qui nous unit à ce qui est plus grand que nous, et nous y arrivons parfois, puis nous nous laissons abattre par des salles de bains en désordre, des bouchons de circulation et des rôties brûlées. La spiritualité qui ne peut contenir mon humanité ne m'intéresse pas. Je trouve peu de réconfort ou d'inspiration dans le dogme traditionnel ou l'optimisme Nouvel Âge inconditionnel. Parce que derrière les petites épreuves quotidiennes se cachent des paradoxes plus profonds, des choses que l'esprit ne peut pas concilier mais que le coeur doit contenir si nous voulons vivre pleinement: l'extrême lassitude et l'espoir absolu; des croyances ébranlées et une foi à toute épreuve; des aspirations, apparemment contradictoires, à la liberté personnelle et à l'engagement profond envers les autres, à la solitude et à l'intimité, à la capacité d'être simplement en union avec le monde, et à la nécessité de changer ce qui ne va pas dans notre façon de vivre." (Le soulignement est de moi)
Le rire est la lumière de mon humanité !
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