vendredi 19 août 2011

Vivre libre

"La première chose à voir est que notre petit moi veut durer, à l'abri de toute insécurité, de tout changement, alors que vivre, c'est mourir à chaque instant à toute chose. Ainsi, nous n'osons plus vivre nous ne sommes plus en contact direct, intense, avec la vie. La mort à chaque chose vécue est la nature même de la vie qui ne peut être qu'en se renouvelant. Nous ne savons pas intégrer ce mouvement continu, nous tenir prêt à mourir à notre plaisir, à notre chagrin, à l'expérience proposée, à notre histoire personnelle, à notre moi. Vivre, c'est accepter la perte de nos proches, de nos biens, de notre travail, de notre réputation... la perte de tout, qui sera à la fin inévitable. Nous devons consentir à vivre avec la mort à chaque seconde afin que notre esprit ne soit pas entraîné à donner une continuité aux choses, inéluctablement emportées dans le courant d'énergie. C'est notre désir de permanence au sein du mouvement d'apparitions et de disparitions qui nous fait tant souffrir.
Il nous faut découvrir ce qu'est ce moi, l'observer et le comprendre. Tant que nous n'aurons  pas vu que c'est cette entité sous influence, éduquée socialement pour la lutte et la compétittion, à la recherche constante d'innombrables plaisirs, que nous prenons pour notre véritable identitié, nous souffrirons. La souffrance signifie que nous vivons à partir de ce que nous ne sonmmes pas.  Nous ne sommes ni la succession de nos désirs, ni l'addition de nos expériences. Tant que nous vivrons avec une représentation personnelle de la vie à travers des pensées, des émotions et des actes, nous connaîtrons la souffrance. Or, il n'y a rien de personnel que ce moi puisse faire si ce n'est s'insérer dans le flux de la vie, accueillir le mouvement, consentir au changement. Tout est vécu alors à partir d'un espace qui se révèle en nous, paisible et libre. C'est son mouvement universel qui nous anime, et sa liberté devient notre liberté." (Montinéri, Nicole. "Oui, la souffrance a une fin," paru dans la revue 3e Millénaire, Printemps 201, numéro 99)

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